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Le monde, en territoire négatif.

Le monde a connu, depuis la fin du 19ème siècle, des cycles de croissance et d'autres de repli de sa globalisation, exprimée, entre autres, par l’intensité de ces échanges commerciaux.

Le premier cycle de croissance de celle-ci est arrivé à échéance en 1914. Le monde est sans chef; et certaines puissances, sorties perdantes des échanges commerciaux, décident de régler leurs différends dans la première guerre mondiale.

S'en suivra un cycle de repli, de "Slowbalization", qui durera jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale. La grippe espagnole de 1918 n'est que le symptôme d'un monde en colère, tombé malade.

Le deuxième cycle de croissance, de retour à la globalisation, mené sous le leadership des États Unis (d'où l'appellation "consensus de Washington") et boosté par l'ouverture de la Chine et le développement technologique, a atteint son pic entre 2008 et 2010 (source : Peterson Institute).

Les grands perdants cette fois, avançant des raisons de sécurité nationale, clament "America first", annoncent leur retrait des traités commerciaux (NAFTA,..) et l'imposition de tarifs douaniers pour couper les chaînes de valeur (les vivres !) dépendant des gagnants.

D'autres perdants semblent abandonner leurs efforts d’union pour créer un leader régional. Leurs fourmis du nord hésitent d’aider leurs cigales du sud et les exits de cette union, qui n'a que la forme, semblent se suivre (Brexit, Grexit, Itexit, Spexit,..).

Les producteurs pétroliers, tous perdants dans ces circonstances, y vont Morior Invictus (Latin of “Death before defeat”) pour écarter l'un ou l'autre de la carte.

Les gagnants, eux, ayant épuisé les économies des perdants, voient leurs exportations chuter de 31% en 2008 à 17% en 2019 (rapportées au GDP), abandonnent leur initiative "made in China 2025" et se replient sur leur marché intérieur. Quant à leurs créances (1.11 trillion $ est le montant de la dette chinoise vis-à-vis du gouvernement américain, 5% de la dette de ce dernier, à fin mai 2019), les recouvrer dépendra plus du comment que du combien.

Le deuxième cycle de "Slowbalization" est désormais en cours. L'OMC prévoit le déclin du commerce mondial entre 13 % et 32% en 2020, plus que le déclin du GDP mondial lui-même. La pandémie de 2020 n'est que le symptôme d'un monde en colère, tombé malade.

Plus que les taux d’intérêt négatifs, les salaires négatifs, le pétrole négatif, le monde est désormais en territoire négatif; et il est surtout, encore une fois, sans Chef.

Isaac Newton disait: "I can calculate the motions of heavenly bodies, but not the madness of people." Tout est probable...